100 ans du club de rugby de Sorgues : souvenirs, souvenirs…

DSC_3894Le Rugby Club Sorgues Rhône Ouvèze a fêté ses 100 ans, samedi 5 mars à la salle des fêtes de Sorgues. Pour Thierry Lagneau, ce fut l’occasion lors de son allocution de revenir notamment sur les plus belles pages d’un club qui a remporté trois titres de champion de France : 

« 25 février 1916 : La France est en guerre. La bataille de Verdun vient de débuter depuis 4 jours, Roger Couderc n’est pas encore né et dans le sud de la France, pour apporter un peu de distraction en pleine première guerre mondiale, le club de rugby de Sorgues voit le jour sous l’impulsion de trois jeunes Sorguais : les sieurs Dumas, Darut et Faure.

Le ballon ovale était né entre Rhône et Ouvèze, Jean Boudon acceptant d’en assumer la première présidence.

Cela fait donc très précisément cent ans que le rugby a pris racine dans notre commune, faisant du club l’un des plus anciens du territoire national.

100 ans se sont donc écoulés et l’évènement méritait bien d’être imprimé à l’encre bleu sur du papier blanc, à l’image des couleurs du club.

En ce jour de fête, je tiens vraiment à remercier les dirigeants actuels du club qui ont souhaité célébrer avec fastes ce centenaire.

Ce soir, nos pensées n’oublient pas tous les joueurs, dirigeants et bénévoles qui nous ont quittés et qui ont tant œuvré à sa construction.

Ils furent, pour beaucoup, des pionniers et, volontairement, je ne me hasarderai pas à citer leurs noms, de peur d’en oublier.

Quoi qu’il en soit, un club se construit avec ses dirigeants, ses bénévoles et ses joueurs, les trois étant indissociables pour constituer le triumvirat indispensable pour lui permettre de vivre et d’assurer sa pérennité.

Certes, l’histoire du Rugby Club Sorguais ne fut pas toujours un long fleuve tranquille. Loin s’en faut ! Mais, en définitive, pour regarder autour de nous ou lorgner vers les autres disciplines, n’est-ce pas le destin de chaque formation sportive de traverser l’histoire avec des hauts et des bas ?

Il n’empêche qu’à Sorgues, même dans les moments difficiles, il s’est toujours trouvé une équipe de volontaires pour redresser la barre et remettre de l’huile dans les rouages.

Pendant un siècle, plusieurs présidents se sont succédé. Celui qui aura marqué le club de son empreinte reste sans nul doute Louis METRAT qui a été président pendant 26 ans et qui avec Maurice CHEVALIER avait acheté le terrain du Joncas qui deviendra par la suite le stade Chevalier, théâtre de bien des succès. Ces deux mécènes et dirigeants engagés auront eu un rôle prépondérant dans l’essor du club.

Le parcours du RCS est jalonné de succès qui ont fait son histoire. Sans rappeler de manière exhaustive les différents titres acquis durant cette longue période, on ne peut et ne doit occulter la montée en 1ère division, durant la saison 72-73, sous la présidence de Pie MARONCELLI, alors même que le club avait successivement accédé à la division 3 durant la saison 68-69 et à la deuxième division l’année suivante. En huitième de finale de la phase de qualification, à Narbonne, devant 2000 supporters sorguais, les bleus et blancs l’avaient emporté sur Cahors 12 à 0 !

Et puis, de tous les présidents, s’il en est un qui a goûté le bonheur jusqu’à la lie, c’est bien Alain MILON qui a vécu la fantastique épopée du premier titre de champion de France avec Jean-Louis ADANI comme entraîneur-joueur. Là aussi, des milliers de supporters ont accompagné à Pézenas l’équipe qui l’a emporté avec une facilité déconcertante face à Pamiers (23 à 3). Tous ceux qui ont vécu cette formidable épopée se souviennent des déplacements où tels des petits Poucet, les supporters parsemaient le parcours de petits papiers bleus et blancs.

Une manière en quelque sorte de marquer le territoire.

On se souvient que l’équipe qui a soulevé le bouclier de Brennus et dont je salue bien volontiers les joueurs présents ce soir, n’avait encaissé qu’un seul essai durant toutes les phases finales ! Une sacrée performance !

Les souvenirs demeurent, la nostalgie aussi.

En réalité, seule la passion des hommes et des femmes qui ont écrit l’histoire du club peut justifier une telle longévité.

Comme un témoin de relais, cette passion, ce dévouement, cet attachement sans limites ont été transmis de génération en génération, faisant du club de rugby le navire amiral du sport local.

Personne n’a oublié qu’à Sorgues, dans les moments forts, certaines rencontres drainaient jusqu’à 2 000 personnes, le spectacle du terrain rythmant à merveille l’ambiance des tribunes et du bord de touche.

Petite terre d’ovalie, Sorgues a toujours voué un très fort attachement à la pratique du rugby à 15 et l’esprit de clocher n’est, sans nul doute, pas étranger à la réussite du club.

Car il faut bien le reconnaître : même si nous n’avons pas le même palmarès que des clubs aussi prestigieux que Béziers ou Perpignan, nés quasiment à la même époque, nous avons remporté trois titres nationaux que tout le monde conserve dans sa mémoire.

Le premier, donc, remonte à 1982 et nous a permis de devenir champions de France de 3ème division. En 1993, nous avons été sacrés champions de France de fédérale B et en 1998 les juniors ont inscrit leurs noms au palmarès du championnat de France PHLIPONEAU.

Trois boucliers de Brennus acquis avec panache et qui font, aujourd’hui encore, notre fierté car tout le monde ne peut pas en dire autant !

Parmi les très nombreuses qui ont marqué la vie du club, l’une des belles images qui me vient à l’esprit reste le premier titre célébré la même année que la victoire de l’Espérance sorguaise en coupe Roumagoux.

Je n’avais pas 20 ans à l’époque mais je garde le souvenir que les rugbymen et les footballeurs s’étaient retrouvés autour du rond-point de la fontaine avec leurs mascottes fétiches: Jujube pour le rugby et Micheline alors passée au football, tous les deux reposant aujourd’hui en paix au cimetière, pas très loin l’un de l’autre.

Je me souviens d’Albert et Lucette CORNETY vendant les cartes et tickets tout au long de la saison pour alimenter les caisses du club, Albert agrémentant de poèmes son admiration inconditionnelle pour les joueurs et le club.

J’ai encore en mémoire ces sièges du club dans les bars de la ville, lieux privilégiés pour échanger entre supporters, avec les dirigeants et les joueurs, le temps d’un café ou d’un apéro.

De grands joueurs ont porté les couleurs bleu et blanc à l’image d’un certain Serge LAROCHE qui fut international junior et qui, depuis, a perdu quelques cheveux.

Guy CAMBERABERO fut certes un entraineur éphémère du club, mais un tel nom à la tête de l’équipe 1ère témoigne de la volonté des dirigeants de l’époque de susciter l’enthousiasme et la réussite.

Et puis, plus près de nous, le pilier droit d’Albi Malik HAMADACHE a été formé au club alors qu’après avoir évolué dans le Top 14 avec l’Aviron Bayonnais, Vitolio MANUKULA fait aujourd’hui les beaux jours de Béziers.

Christian RIOU me rappelait, aussi, et très justement que nous avons eu à Sorgues deux joueurs argentins dont un qui avait la double nationalité de par ses origines italiennes.

Le règlement interdisant à l’époque de faire jouer deux étrangers en même temps, c’est essentiellement le premier qui était sur la feuille de match ; privé pourtant de temps de jeu, le second, quant à lui, est devenu par la suite international italien. Comme quoi!

Le RCS, ce sont aussi des centaines et des centaines de jeunes qui ont fréquenté l’école de rugby depuis sa création lors de la saison 1956-1957. Certains ont poursuivi jusqu’à écrire les belles pages de l’équipe 1, d’autres s’y sont simplement essayés un temps – je suis de ceux-là – mais tous conservent le souvenir fort d’avoir fièrement porté ce maillot aux couleurs du club, entrainés par des éducateurs et des joueurs des équipes séniors qui ont contribué à l’image d’un club formateur. Je salue ici tous ceux qui, aujourd’hui encore, donnent de leur temps pour former les plus jeunes.

Après avoir vécu de grandes aventures sportives et fait vibrer ses supporters, le club a aujourd’hui perdu de sa superbe avec des résultats sportifs loin des attentes.

La foi est toujours là et la petite mèche ne demande qu’à être rallumée.

Je sais la volonté des dirigeants actuels et je ne doute pas de leurs intentions de remettre le navire à flot en s’appuyant sur la formation des jeunes moussaillons.

Nos aînés ont tracé le cap et le président Luc RICHARD et toutes celles et ceux qui l’entourent ont à cœur d’écrire un nouveau chapitre d’un livre dont les plus belles pages ont jauni avec le temps et qui, au bout de cent ans, mérite incontestablement un deuxième tome. »